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Histoire et devenir du port
Morlaix, une longue tradition maritime
Implantée à la confluence de deux rivières, la ville de Morlaix doit sa fortune à une situation de fond d'estuaire. A la faveur des marées, son accès à la Manche lui ouvre les portes du commerce européen naissant.
Très tôt reconnu sur les routes maritimes comme port de relâche et d'approvisionnement, à partir de la fin du Moyen-Age Morlaix devient un port de destination. La production des campagnes est recherchée en Europe (toiles de lin et de chanvre, cuirs, papiers, beurres,...).
A la fin du 15è siècle, après Nantes et Saint-Malo, Morlaix est le troisième port de la péninsule, une notoriété qui succitera le sac de la ville par les anglais le 4 juillet 1522. Reconstruite, la cité sera désormais protégée par une tour dressée à l'entrée du port dénommée en breton Penn an aod, le château du Taureau défendant l'entrée de la rivière.
De la rencontre du Jarlot et du Queffleuth jusqu'aux écluses, les aménagements portuaires jalonnent l'histoire des siècles suivants.
Rive droite, le quai de Tréguier est construit d'un ensemble de maisons formant un passage couvert, les Lances, véritable galerie commerciale aujourd'hui disparue. A l'extrémité du quai, la tour Penanault s'est agrandie en un manoir urbain spécialisé dans le négoce de vins. En aval, la rive est aménagée en chemin de halage en 1772.
Rive gauche, le quai de Léon, d'abord occupé par un habitat de gens de mer, est bâti à partir du 18è siècle d'une succession d'hôtels particuliers. Plus bas, la construction de la Manufacture de Tabacs en 1740 exige le prolongement des quais. Les balles de feuilles de tabacs en provenance des Amériques y sont débarquées pour transformation par un millier d'ouvriers.
Au 19è siècle, l'activité portuaire vit un second souffle: pour assurer une liaison plus rapide que par voie terrestre entre Morlaix et Paris, Edouard Corbière crée la Compagnie des paquebots à vapeur du Finistère en 1838. Chaque semaine un steamer prend la route du Havre chargé de légumes du Haut-Léon, de bêtes sur pied et de travailleurs, le train assurant ensuite le relais vers Paris. En 1855, pour les besoins de la compagnie, on pose des écluses afin de former un bassin à flot.
Cependant, l'arrivée du train à Morlaix en 1865 participe à la lente désaffection pour le transport maritime. En un siècle, la longueur du bassin à flot est réduite de moitié par son comblement progressif en particulier pour créer des places de stationnement (1860, 1899,1961). Au 20è siècle, le trafic de fret se résume à quelques matières premières : pierres de granite, sable, bois, charbon.
Enfin, au 21è siècle, le port poursuit sa mue en devenant un port de plaisance de plus de 230 anneaux. Ses abords sont transformés dans le cadre d'un aménagement raisonné du quartier devenu attractif avec la requalification de la Manufacture en pôles culturel, administratif et universitaire.
Le port conserve aussi une fonction de port abri pour les navires professionnels de la baie de Morlaix (pêche professionnelle, transport de passagers) qui apprécie sa sécurité lors de tempêtes, et les possibilités de travaux permises sur ce bassin indépendant des marées.
Sur les quais, la maritimité de Morlaix se lit encore dans les activités d'accastillage, de construction navale, jusqu'à inspirer un renouveau du transport à la voile de matières comme le sel, le café et le chocolat.
Les différentes vocations du port
Une vocation portuaire : sa situation en fond d'estuaire est l'atout de Morlaix qui vaut à la jeune agglomération son développement à partir de la fin du Moyen-Age comme cité portuaire (à l'instar d'autres villes bretonnes comme Dinan, Pontrieux, Tréguier, Lannion, Quimper, Auray,...).A l'époque, Morlaix est reconnue pour ses pêcheries, ses sècheries et salaisons de poisson.
D'un port de relache à un port de destination : Morlaix s'impose d'abord comme port d'escale sur les routes maritimes européennes joignant la Manche à la Méditerrannée dès le 11ème (équipement en bois, voiles, nourriture et boissons). A partir de la fin du 14ème, Morlaix devient un port de destination (vente de produits phares comme le lin, le cuir, le papier, le beurre,...)
Un port à la protection renforcée : il y a 500 ans, en juillet 1522, la cité est mise à sac par les anglais. Une tour de défense est édifiée sur le rocher du Taureau pour contrôler l'accès à la rivière, puis la tour de guet Pen An Aod à l'entrée du port, préservant ainsi le rôle de plate-forme d'échanges économiques que joue alors Morlaix dans le commerce en Europe, puis outre-atlantique.
Un port manufacturier : le choix de Morlaix pour implanter une manufacture royale des tabacs au 18ème conforte l'importance du port (alors que le commerce du lin décline depuis la fin du 17ème). A cette époque déjà, des projets de bassin éclusé sont étudiés, ainsi que des aménagements d'un port militaire d'envergure nationale en fond de rade.
Un bassin à flot : il faut attendre le 19ème (1855) pour la pose des écluses créant ainsi un bassin à flot. Epoque de la création de la Cie de bateaux à vapeur du Finistère reliant chaque semaine Morlaix au Havre! Epoque aussi de l'armement à la pêche à la morue. Parmi le fret de marchandises expédiées on peut citer jusqu'au 20ème: les poteaux de mine, les beurres, oeufs et légumes frais, sable et maërl, kaolin,...
Parmi ses spécificités :
- le flot de la marée remonte la rivière jusqu'à la confluence du Jarleau et du Queffleuth, devant la mairie, avec ses avantages et ses inconvénients (facilité d'accès à Morlaix à marée montante, protection relative de la ville à marée descendante, mais aussi soumission de la navigation aux horaires des marées/entrée et sortie)
- un entretien obligatoire de son lit : un curage dès le 15ème qui sera un temps délaissé au point que le lit autrefois accessible à des bateaux de fort tonnage (300 à 400) ne le sera plus qu'à des petites unités de 30 à 50 tonneaux, obligeant les gros navires à rester en rade et à pratiquer les transbordements sur des barques)
- création de quais de halage aux 18 et 19èmes
- liaison du port avec la gare par Porz en Trez début 20ème (par une ligne de 4800 m de long/trois files de rails, puis avec le CFA Morlaix-Plestin (d'où le Tempo, ancienne gare de marchandises)
Le schéma d'orientation du site portuaire
L'importante mutation de Morlaix au 20ème siècle a conduit la cité à passer d’une véritable «ville portuaire» à une simple juxtaposition entre la ville et le port.
Afin de redonner au site portuaire une place à la hauteur de son influence passée, Morlaix Communauté a souhaité définir les aménagements permettant de :
- renforcer et dynamiser l’attractivité du pôle urbain central dont le port est l’une des composantes
- concrétiser un bassin de navigation en baie de Morlaix avec la possibilité de trois escales complémentaires : Roscoff, Plougasnou et Morlaix.
Accompagnée par l' Agence de Développement et d'Urbanisme du pays de Brest, Morlaix Communauté a réalisé un schéma d'orientation du site portuaire, proposant les grandes lignes de l'aménagement futur des lieux. Ce schéma a été élaboré avec les principaux acteurs institutionnels du port : communes de Morlaix et de Saint-Martin-des-Champs ainsi que la Chambre de Commerce et d'Industrie de Morlaix.
L’objectif étant de construire un projet partagé au plus proche des attentes de l’ensemble des acteurs du territoire, l'élaboration de ce schéma a bénéficié d'une démarche participative originale. Cette dernière s'est notamment appuyée sur un Atelier de Coproduction constitué de citoyens et de représentants associatifs, qui a produit les idées et suggestions contribuant à l’élaboration du projet.
Le schéma d'orientation du site portuaire de Morlaix a été approuvé en 2011 par les représentants de Morlaix Communauté, de Morlaix, de Saint-Martin-des-Champs et de la CCI de Morlaix.
La signature d'une charte d'engagement à respecter et mettre en œuvre les orientations de ce schéma par les partenaires institutionnels le 22 avril 2011 consacre la reconnaissance de la place du site portuaire.