Écluse et mur barrage

Le fonctionnement hydraulique

Le mur-barrage du port de Morlaix a pour usage de maintenir en eau le bassin à flot du port de Morlaix. Les usages annexes qu’il doit assurer sont :

  • L’évacuation des eaux de rivière. En amont, les rivières du Queffleuth et du Jarlot (bassin versant de 200 km2) se déchargent dans le bassin du port. Ce débit arrivant dans le bassin est évacué par le mur–barrage.
  • Le passage des bateaux au moyen de l’écluse.

La configuration particulière du site est soumis à un fort aléa inondation lié d’une part à l’évacuation des crues de la rivière et d’autre part à la submersion marine (effet cumulé de la marée et des éventuelles surcotes). Le mur-barrage n’a aucun usage spécifique lié à la gestion des crues.

En grandes marées, lorsque le niveau de marée haute est supérieur au niveau de la retenue normale du bassin, les portes doivent être ouvertes car elles ne sont pas dimensionnées pour résister à la contre-pression. C’est l’état portes ouvertes.

L’écluse et le mur-barrage ont été classés en catégorie C au titre de l’article R214-112 du code de l’environnement.

L’exploitation de l’ouvrage

Morlaix Communauté assure l’exploitation de l’ouvrage et à ce titre est responsable de la réalisation des éclusages, de la gestion hydraulique, et de la surveillance de l’ouvrage.

Une équipe de trois éclusiers réalise les éclusages, qui ont lieu à chaque marée haute se produisant de jour ; le jour étant considéré ½ heure avant l’heure légale d’extinction des phares, jusqu’à 1/2 heure après leur allumage.

Les horaires des éclusages sont 1h30 avant pleine mer, à la pleine mer, et 1h après la pleine mer.

La restauration de 2010 – 2015

L'eau du bassin à flot est retenue grâce au mur-barrage. Équipé de cinq vannes de fond, il permet de réguler en permanence le niveau d'eau du port. Le délabrement des équipements des vannes a conduit Morlaix communauté à entreprendre d'importants travaux de modernisation durant l'hiver 2011 – 2012.

Cette opération, d'un coût de 374 990 € HT, est cofinancée par l'Union Européenne à hauteur de 74 998 €, l'État à hauteur de 125 700 €, le Conseil Général du Finistère à hauteur de 55 500 € et Morlaix Communauté pour 118 792 €.

Morlaix Communauté a également procédé au remplacement des portes de l'écluse, qui ne garantissaient plus l’étanchéité du bassin à flot ni la fiabilité du service aux navigateurs, de novembre 2014 à avril 2015. Également remplacés, les systèmes de manœuvre des portes ont été équipés de vérins : une petite touche de modernité dans cet ouvrage construit au milieu du 19e siècle et préservé par l'opération. Équipées de passerelles larges et sécurisées, les portes de l'écluse sont désormais ouvertes à la circulation piétonne et accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cette opération, d'un coût de 2,6M€, a été accompagnée par la Région (814 500 €) et le Département (173 500 €), Morlaix Communauté prenant à sa charge les 1,612M€ restants.

L’amélioration de la continuité écologique

Le maintien ou la restauration de la continuité écologique, définie comme « la libre circulation des organismes vivants et leur accès aux zones indispensables à leur reproduction, leur croissance, leur alimentation ou leur abri, le bon déroulement du transport naturel des sédiments, ainsi que le bon fonctionnement des réservoirs biologiques » est un enjeu majeur des politiques de gestion des cours d'eau. Elle constitue un élément nécessaire à la fonctionnalité de la Trame Verte et Bleue du territoire.

Sur certains cours d'eau classés, dits « liste 2 », « il est nécessaire d'assurer le transport suffisant des sédiments et la circulation des poissons migrateurs. Tout ouvrage doit y être géré, entretenu et équipé selon des règles définies par l'autorité administrative, en concertation avec le propriétaire ou, à défaut, l'exploitant ».

La Rivière de Morlaix relève de ce classement. A ce titre, Morlaix Communauté a l'obligation d'identifier et proposer au Préfet les aménagements ou changements de modalités de gestion permettant de rétablir la continuité écologique au droit de l'écluse et du mur-barrage du port de Morlaix.

Afin de respecter ses obligations réglementaires, Morlaix Communauté a réalisé une étude visant à évaluer l'impact de l'écluse du port de Morlaix sur la continuité écologique de la rivière de Morlaix, et définir les actions éventuelles nécessaires à son amélioration. La Direction Départementale des Territoires et de la Mer du Finistère, l’Office Français pour la Biodiversité, Bretagne Grands Migrateurs, la Fédération de Pêche du Finistère et l’Association Agréée de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique de Morlaix et l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne ont été associés à son pilotage.

Cette étude a permis d’établir que le transit sédimentaire, bien que majoritairement interrompu par l’ouvrage, demeurait « suffisant » au sens de la réglementation, et que les espèces cibles (anguille, saumon atlantique, lamproie marine) sont globalement présentes à la hauteur du potentiel attendu du bassin-versant du Queffleuth, malgré des perturbations identifiées en matière de recrutement de juvéniles. Toutefois, il a également été constaté que l’ouvrage est, hormis en grandes marées, difficilement franchissable par les espèces cibles, et que le potentiel de franchissement par l’écluse, bien qu’existant, ne pouvait être pris en compte dans l’analyse de l’ouvrage en raison de sa dépendance au mode d’exploitation portuaire.

Aussi, il est nécessaire d’adapter l’ouvrage afin d’améliorer la continuité piscicole, à partir d’un niveau aval situé entre 7 m cote marine (franchissement possible au moins 1h30 pour 80 % des marées) et 5,5m cote marine (franchissement possible à chaque marée au moins 80 % du temps de présence de la marée).

L’élaboration de différents scenarios d’aménagements a permis d’identifier un aménagement privilégié consistant à positionner au sein du bassin à flot, au droit du quai de Tréguier, une passe à ralentisseurs plans destinée aux saumons, truites de mer et lamproies marines, ainsi qu’une rampe de reptation destinée aux anguilles. Ce double dispositif serait constitué de deux rampes de pente 15%, reliées par un bassin de repos, pour un linéaire d’une trentaine de mètres sur une largeur d’environ 3 mètres.

Le positionnement du dispositif au sein du port à flot, autorisant son débouché à l’aval immédiat du mur-barrage, à une cote permettant son accès dès le niveau de marée 5,5 mètres cote marine, garantirait son attractivité pour les espèces cibles pendant au moins 80 % du temps de chaque marée.

L’implantation au droit du quai de Tréguier est la plus susceptible de respecter l’intérêt patrimonial du mur-barrage et de l’écluse. Par ailleurs, les premières études de génie-civil confiées à un bureau d’étude agréé « barrages » concluent que les critères de stabilité de l’ouvrage actuel sont vérifiés lors de la phase la plus critique des travaux, sous certaines conditions de réalisation. Enfin, le dispositif serait neutre pour la capacité d’évacuation hydraulique du barrage, et n’aurait pas d’incidence sur le niveau de gestion du bassin à flot.

Morlaix Communauté poursuit désormais le études de conception nécessaires à la réalisation de ces aménagements.

Dragage

Les opérations de dragage

Afin de maintenir la fonctionnalité du port à flot, Morlaix Communauté réalise tous les deux ans une opération de dragage.

Ce chantier permet de retirer 10 000 à 20 000 m3 de sédiments, qui sont déposés à terre sur le site du Bois noir en Ploujean. Ils y sont asséchés à l'aide de géotubes, puis stockés.

La valorisation des sédiments

La régularité de ces opérations de dragage et l’important corpus réglementaire entourant ces travaux (IOTA, ICPE) a permis d’acquérir une connaissance fine de ces matériaux au regard des critères définissant leur qualité (seuil N1/N2, R1/R2, exigences de l’arrêté relatif aux installations de stockage de déchets de sédiments).

La saturation prochaine des capacités de stockage engage Morlaix communauté à accélérer les recherches pour la valorisation de ces sédiments. Da,ns ce cadre, un marché de recherche – développement a été conclu en 2021 avec le CEREMA avec pour buts :

  • l'exploration des possibilités réglementaires immédiates et futures de valorisation, au regard du statut et de la caractérisation des matériaux ;
  • l'identification d'opportunités locales et les conditions de mise en œuvre d'une ou plusieurs filières opérationnelles de valorisation ;
  • la mise en œuvre d’expérimentation(s) en vue de traiter les sédiments de la prochaine campagne de dragage ;
  • A terme développer une/des voies de valorisation pérennes et socialement acceptées