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DerniÚre mise à jour le 24 février 2022

Comment une association cultuelle doit déclarer des financements étrangers du culte ?

Modifié le 2024-04-05

Par Direction de l'information légale et administrative

Une association exerçant le culte qui reçoit un financement direct ou indirect de l'Ă©tranger doit le dĂ©clarer. Peu importe la forme de l'avantage ou de la ressource, l'obligation de dĂ©claration s'impose, dĂšs que le montant perçu, sur une annĂ©e comptable, dĂ©passe 15 300 €. L'obligation de dĂ©claration s'impose quel que soit le montant pour les donations notariĂ©es et les legs. AuprĂšs de qui doit ĂȘtre faite la dĂ©claration ? L'administration peut-elle s'y opposer ? Nous vous donnons les informations Ă  connaĂźtre.

Quels sont les financements étrangers du culte concernés ?

Les financements concernés sont tous les avantages et toutes les ressources en nature ou en espÚce.

Ces financements peuvent ĂȘtre attribuĂ©s :

  • Par voie de libĂ©ralitĂ© (donation et legs)
  • Par voie de don manuel.

Les financements peuvent prendre les formes suivantes :

  • Remise matĂ©rielle d'un objet
  • Don d'une somme d'argent (en espĂšce, par chĂšque ou par virement)
  • Valeurs mobiliĂšres
  • PrĂȘt de main-d’Ɠuvre
  • PrĂȘt en espĂšce Ă  taux bonifiĂ© (c'est-Ă -dire privilĂ©giĂ©) ou non
  • Apport en fonds propres
  • Mise Ă  disposition d’un local
  • Prise en charge de dĂ©penses

Les financements reçus directement ou indirectement doivent ĂȘtre dĂ©clarĂ©s, y compris ceux reçus par un intermĂ©diaire français (association, fonds de dotation, SCI, personne physique
).

Exemples :

  • Mise Ă  disposition d'un local appartenant Ă  une sociĂ©tĂ© civile immobiliĂšre (SCI) sous contrĂŽle, mĂȘme indirect, d'une organisation Ă©trangĂšre, qui est utilisĂ© pour l’exercice d’un culte. Si une association financĂ©e par un État Ă©tranger dĂ©tient 40% des parts d’une SCI dĂ©tenant un lieu de culte, l’association qui utilise le lieu de culte doit le dĂ©clarer comme un financement Ă©tranger.
  • Mise Ă  disposition Ă  titre gratuit d'un ministre du culte par une association financĂ©e par une organisation Ă©trangĂšre.

le bénévolat réalisé par un particulier non-résident en France n'est pas concerné.

Quels sont les organismes concernés par les financements étrangers du culte ?

Tout va dépendre du lieu d'implantation de l'organisme bénéficiaire et de la forme du financement (donation, testament ou avantage obtenu hors acte notarié).

  • Association cultuelle
  • Association subvenant Ă  l'entretien, aux frais et Ă  l'exercice d'un culte, mĂȘme si elle a d'autres objets (association dite « mixte »)

Association inscrite Ă  objet cultuel

  • Établissement public du culte
  • Association inscrite Ă  objet cultuel
  • CongrĂ©gation
Quand faire la déclaration des financements étrangers du culte ?

Toutes les libĂ©ralitĂ©s (quel que soit leurs montants), provenant directement ou indirectement de l'Ă©tranger, doivent ĂȘtre dĂ©clarĂ©es.

La donation est déclarée dÚs que son bénéficiaire (appelé le donataire) l'a acceptée.

Le legs est déclaré au décÚs de son auteur (appelé le testateur) dÚs que le notaire est en possession du testament.

Avantage ou ressource d'un montant supĂ©rieur Ă  15 300 €

Tout don doit ĂȘtre dĂ©clarĂ© lorsque :

  • les avantages ou les ressources proviennent directement ou indirectement de l'Ă©tranger
  • et les avantages et les ressources reçus au cours d'un exercice comptable (sur une annĂ©e comptable) sont d'un montant supĂ©rieur Ă  15 300 €.

La dĂ©claration doit avoir lieu dans les 3 mois suivant le dĂ©passement du seuil de 15 300 €.

A noter

Une fois le seuil dĂ©passĂ©, tout nouveau financement Ă©tranger reçu doit ĂȘtre dĂ©clarĂ© dans les 3 mois de sa perception jusqu’à la fin de l’exercice comptable.

A noter

L’exercice comptable d'une association commence au 1er janvier de l’annĂ©e N.

Engagements de financement perçus de maniÚre échelonnée dans le temps

Une association peut bénéficier d'engagements de financement qui sont perçus de maniÚre échelonnée dans le temps. On parle de créances à exécution successives.

Ces crĂ©ances doivent ĂȘtre dĂ©clarĂ©es pour leur totalitĂ© dans les 3 mois suivant le 1er jour de leur perception.

A noter

Une association, sous contrĂŽle d’un organisme Ă©tranger, met gratuitement Ă  la disposition d'une autre association un ministre du culte pour une durĂ©e de 2 annĂ©es.

Il est possible d’effectuer la dĂ©claration d’un financement un an avant de recevoir effectivement la somme.

A noter

Une association sait qu’elle va recevoir 20 000 € au 1er mars de l'annĂ©e N.

Qui doit faire la déclaration des financements étrangers du culte ?

La déclaration des avantages et ressources et des donations établies par acte notarié est faite par l'organisme bénéficiaire (selon le cas, l'association, la congrégation ou l'établissement public du culte).

Le fait que l’association bĂ©nĂ©ficiaire dĂ©clare l’avantage n’exonĂšre pas un organisme intermĂ©diaire de dĂ©clarer Ă©galement l’avantage si cet organisme est soumis aux obligations de dĂ©claration.

La déclaration du legs provenant directement ou indirectement de l'étranger est faite par le notaire chargé de la succession.

A noter

Lorsque le don est reçu par l'intermédiaire d'un organisme qui a bénéficié d'un financement étranger, cet organisme doit également déclarer l'avantage. Cette obligation ne concerne que les organismes soumis aux obligations de déclaration comme, par exemple, les associations exerçant le culte.

A noter

Une association qui a pour objet d’aider d’autres associations Ă  exercer le culte, par la mise Ă  disposition de lieux de culte ou de ministres du culte, est une association soumise aux obligations de dĂ©claration des financements Ă©trangers.

Comment adresser la déclaration des financements étrangers du culte ?

La déclaration est faite au ministre de l'intérieur au moyen du téléservice suivant :

DĂ©claration de financement Ă©tranger en ligne

La libĂ©ralitĂ© (don fait par acte notariĂ© et leg figurant dans une succession) peut Ă©galement ĂȘtre dĂ©clarĂ©e par lettre recommandĂ©e avec demande d'avis de rĂ©ception (LRAR).

La déclaration est à envoyer au ministÚre de l'intérieur et des outre-mer.

Quelles sont les informations à transmettre dans la déclaration des financements étrangers du culte ?

Lorsque la dĂ©claration porte sur un montant infĂ©rieur ou Ă©gal Ă  15 300 €, les informations demandĂ©es sont simplifiĂ©es.

Lorsque la dĂ©claration porte sur un montant supĂ©rieur Ă  15 300 €, les informations demandĂ©es sont plus dĂ©taillĂ©es. L'identitĂ© du contributeur et des personnes intervenant dans le financement et les conditions du financement devront, notamment, ĂȘtre prĂ©cisĂ©es.

Ces informations sont uniquement destinĂ©es Ă  l’administration et ne font l’objet d’aucune communication publique.

La déclaration indique des informations portant sur l'association bénéficiaire :

  • Nom
  • Adresse du siĂšge social
  • Adresse Ă©lectronique
  • CoordonnĂ©es tĂ©lĂ©phoniques

Les nom, prénom(s), adresse électronique et coordonnées téléphoniques du déclarant doivent aussi figurer.

La nature (en espĂšce ou en nature), le montant et, Ă©ventuellement, la date prĂ©visionnelle de l'encaissement ou de l'acquisition des avantages et ressources provenant directement ou indirectement de l'Ă©tranger doivent ĂȘtre mentionnĂ©es.

La déclaration comprend des informations sur la personne ayant accordé le financement.

Lorsque le financement fait intervenir un (ou plusieurs) intermĂ©diaire(s), les mĂȘmes informations le (ou les concernant) selon qu’il s’agit d’une personne physique ou d’une personne morale doivent ĂȘtre indiquĂ©es dans la dĂ©claration.

  • Nom
  • PrĂ©nom(s)
  • Date et lieu de naissance
  • NationalitĂ©(s)
  • Domicile
  • Adresse Ă©lectronique et coordonnĂ©es tĂ©lĂ©phoniques

La déclaration doit aussi comporter une note expliquant les modalités d'octroi de l'avantage ou de la ressource, assortie d'une copie des actes ou contrats qui y sont relatifs.

En cas de virement bancaire, le numĂ©ro de compte bancaire international (« numĂ©ro IBAN ») ou le numĂ©ro permettant l'identification du compte ayant rĂ©alisĂ© le virement doit ĂȘtre prĂ©cisĂ©.

  • DĂ©nomination ou raison sociale
  • Forme juridique
  • Adresse du siĂšge social
  • Adresse Ă©lectronique et les coordonnĂ©es tĂ©lĂ©phoniques

La déclaration doit aussi comporter une note expliquant les modalités d'octroi de l'avantage ou de la ressource (précisant éventuellement le rÎle du ou des intermédiaires intervenant dans le financement), assortie d'une copie des actes ou contrats qui y sont relatifs.

En cas de virement bancaire, le numĂ©ro de compte bancaire international (« numĂ©ro IBAN ») ou le numĂ©ro permettant l'identification du compte ayant rĂ©alisĂ© le virement doit ĂȘtre prĂ©cisĂ©.

Dans quel délai l'administration se prononce-t-elle sur l'approbation ou non des financements étrangers du culte ?

Le silence de l'administration dans un délai de 2 mois vaut absence d'opposition s'agissant d'une procédure de déclaration.

Toutefois, si la complexité du dossier le nécessite, le ministre de l'intérieur peut prolonger ce délai pour une durée supplémentaire de 4 mois à compter de l'échéance du délai initial de 2 mois.

Au cours de la procédure, le ministre peut demander au déclarant des informations complémentaires nécessaires à l'instruction. Dans ce cas, il informe le déclarant de la prolongation des délais d'instruction.

Si, au terme de l'ensemble des délais, l'administration n'a pas répondu, elle n'a pas fait opposition au financement.

Comment se déroule la procédure d'opposition à la perception de financements étrangers du culte ?

Examen de la déclaration par le ministre de l'intérieur

Lorsque le ministre de l'intérieur envisage de s'opposer à la perception de l'avantage, de la ressource ou de la libéralité, il en informe le déclarant par lettre recommandée avec demande d'avis de réception (LRAR).

Le dĂ©clarant dispose d'un dĂ©lai d'1 mois pour rĂ©pondre aux griefs prĂ©sentĂ©s par le ministre. À la fin de ce dĂ©lai ou Ă  compter de la date de rĂ©ception de la rĂ©ponse du dĂ©clarant, le ministre dispose d'un dĂ©lai d'1 mois pour dĂ©cider de s'opposer ou non.

En l'absence d'accord officiel, le silence gardé par le ministre vaut absence d'opposition.

À la demande du dĂ©clarant, le ministre de l'intĂ©rieur dĂ©livre une attestation de cette absence d'opposition.

Conséquence de l'opposition

Lorsque le ministre décide de s'opposer au bénéfice de l'avantage, de la ressource ou de la libéralité, il fait connaßtre sa décision motivée au déclarant par LRAR.

Dans les 2 mois suivants la décision d'opposition, le déclarant peut la contester en saisissant le ministre de l'intérieur (recours gracieux) ou en saisissant directement le juge (recours contentieux).

Dans les 3 mois au plus aprÚs la notification de la décision d'opposition, le déclarant fournit au ministre de l'intérieur tout élément permettant d'attester que l'avantage ou la ressource perçu a effectivement été restitué.

Le ministre peut s'opposer au bĂ©nĂ©fice du financement Ă©tranger lorsqu'il existe une menace rĂ©elle actuelle et suffisamment grave affectant un intĂ©rĂȘt fondamental de la sociĂ©tĂ©. Cette menace peut ĂȘtre due aux agissements du bĂ©nĂ©ficiaire de l'avantage, des personnes intervenues dans le financement, du contributeur, ou des dirigeants ou administrateurs de l'association.

Quelles sont les sanctions pour le non-respect des obligations de déclaration des financements étrangers du culte ?

La sanction dépend de la nature de l'infraction.

Non-respect de l'obligation de déclaration

Cette infraction est punie d'une amende de 3 750 €, mais le montant peut ĂȘtre portĂ© au quart de la somme sur laquelle a portĂ© l'infraction.

Une peine complĂ©mentaire de confiscation de la valeur des avantages et ressources concernĂ©s peut Ă©galement ĂȘtre prononcĂ©e par le juge.

DĂ©claration incomplĂšte ou conservation de l'avantage ou de la ressource

Une amende de 3 750 € peut ĂȘtre prononcĂ© dans l'un des cas suivants :

  • DĂ©claration incomplĂšte
  • Demande de documents ou informations complĂ©mentaires non produites dans les dĂ©lais
  • Conservation de l'avantage ou de la ressource.

Ce montant peut ĂȘtre portĂ© au quart de la somme sur laquelle a portĂ© l'infraction.

Une peine complĂ©mentaire de confiscation de la valeur des avantages et ressources concernĂ©s peut Ă©galement ĂȘtre prononcĂ©e par le juge.

Non-restitution du financement aprÚs opposition formée par le ministre

En cas d'absence de restitution du financement dans un dĂ©lai de 3 mois aprĂšs opposition formĂ©e par le ministre de l'intĂ©rieur, une peine de 2 ans d'emprisonnement et 30 000 € d'amende peut ĂȘtre prononcĂ©e.

Une peine complémentaire de confiscation des avantages et ressources concernés est possible.

Non-certification des comptes

Une personne morale de droit français ou une fiducie ayant servi d'intermĂ©diaire Ă  des financements Ă©trangers (hors libĂ©ralitĂ©s) d'un montant total annuel de plus de 15 300 € doit faire certifier ses comptes.

En cas de non-respect de cette obligation, le dirigeant, l'administrateur, ou l'intermĂ©diaire qui intervient en opĂ©ration de fiducie (appelĂ© fiduciaire), est puni d'une peine de 9 000 € d'amende.

L’association qui a bĂ©nĂ©ficiĂ© de plus de 50 000  €de financements Ă©trangers (hors libĂ©ralitĂ©s) au cours d’un exercice comptable est Ă©galement soumise Ă  une obligation de certification des comptes.

En cas de non-respect de cette obligation, le dirigeant ou l'administrateur d'une association encourt 9 000 € d'amende.

DerniÚre mise à jour le 24 février 2022